Retour à la terre*
Des lumières nous brisent
d’autres nous effacent
entre ce sang et le nôtre
germent un pont, un escalier
Par-delà nos effrois
un canot dérive
il frotte son écorce
sur la peau du soleil
À l’envers de ce décor incongru
guettent des densités nouvelles
une page en cache des dizaines
et du temps pour les pressentir
Les mots accusent un poids
que nous n’avions jamais tenu
sous forme de gravité
entre nos lits et le ciel
Dans chaque famille
quelqu’un se lève
à l’orée du jour
n’atteindra pas sa nuit
Au moment où il se voyait naître
il passera par un autre seuil
sa maison s’effacera derrière
les pupilles de celle qu’il aime
Les nourritures qui le comblaient
tenteront une moisson dans sa bouche
des pistils sous la neige
fleuriront après son dernier soupir
Quand il finira d’être beau
des milliers d’hommes comme lui
pétales tendus à l’humus
auront rejoint leur corolle
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